Le gouvernement marocain annonce ce jour, mardi 26 mai 2020, par la voix de son ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othman El Ferdaous, la possible réouverture des kiosques et librairies sans autorisation préalable alors qu’un déconfinement était prévu initialement le 10 juin. Etonnant car ces dernières n’avaient reçu aucune consigne les concernant le 20 mars (seuls les commerces de bouche et de première nécessité, comme les pharmacies, marchés, pouvaient rester ouverts). Devant le peu d’informations les concernant les libraires ont agi au cas par cas.Donnons la parole à Stéphanie Gaou, directrice des Insolites à Tanger.
©David Koneckny
J’ai fermé la librairie le 18 mars 2020, voyant que le Maroc entrait dans une phase de confinement intensive à quelques jours du ramadan (qui est en temps normal, une période assez peu faste pour les librairies ici). D’un côté, j’ai fermé pour protéger ma collaboratrice et moi-même, et de l’autre, pour protéger la clientèle. A ce moment-là, nous ne savions pas vraiment quoi faire pour garantir une sécurité sanitaire fiable. J’ai préféré fermer.
S’adapter en travaillant son fonds, en créant des sélections sur les RS, des conseils personnalisés, une opération de parrainage
Cela a été très difficile les deux premières semaines de confinement. Rester loin de la librairie sans voir ma clientèle et les habitués, ce fut un coup dur. Je n’ai pas de site marchand, je communique juste sur Instagram & Facebook, je ne savais pas comment rendre accessible mon stock. J’avais calculé que je pourrai tenir financièrement jusqu’au 30 avril 2020 en restant fermée, c’est-à-dire que je pourrai assurer les charges fixes et le salaire de ma collaboratrice, mais quand j’ai vu la date du 30 avril arriver à grands pas, j’ai décidé de rouvrir le 1er mai. J’ai profité du confinement pour lire ou relire le fonds de la librairie, et reprendre les sélections de la librairie, comme je le fais d’habitude en vrai. J’ai essayé les vidéos, mais je trouve ça trop laborieux et je ne suis pas à l’aise. Du coup, quelques jours avant le 1er mai, j’ai relancé l’idée de faire des livraisons et envoi de colis dans tout le Maroc.
Plusieurs projets ont vu le jour : les sélections sur les réseaux sociaux, des conseils personnalisés via whatsapp avec mes clients réguliers, une opération de parrainage pour les clients qui ne sont pas à Tanger et qui peuvent à la fois soutenir la librairie en finançant des lots de livres pour des lecteurs qui aiment lire mais n’ont pas toujours les moyens de consacrer des sommes à l’acquisition de livres. Après avoir reçu quelques dons, je lance concrètement l’opération cette semaine.
Mais de lourdes conséquences économiques et humaines et très peu d’aides locales
Le chiffre d’affaires est presque identique à celui de l’année dernière en mars, mais le C.A. 5 fois moins important en avril 2020 (par rapport à 2019). Il va falloir travailler plus cette année, je n’envisage pas de repos et ne pourrai pas prendre autant de risques au niveau des achats de livres, sachant que je n’ai quasiment pas d’office.
Au niveau des banques, il y a un produit pour les TPE/PME, qui s’appelle Damane Oxygène (une sorte de crédit avec un taux d’intérêt pas si avantageux que ça) pour aider à payer les charges fixes de la librairie sur 3 mois. La demande est laborieuse, je n’ai encore rien obtenu. Et la CNSS (sécurité sociale) assure 2000 dhs par mois pour les salariés qui n’ont pas travaillé. C’est peu encore. Rien d’autre. Depuis quelques jours, des amis très proches ont décidé de lancer une opération solidaire pour le lieu avec des artistes pour organiser une vente dont les fonds aideraient le lieu à maintenir une activité décente.
En ce qui concerne les fournisseurs, beaucoup ont cessé leur activité pendant le confinement et travaillent depuis leur maison. Il est quasiment impossible de commander des ouvrages nouveaux, à part avec un distributeur qui, lui, n’a jamais cessé son activité. Je reprends peu à peu (et prudemment) des commandes pour mes clients favoris.
Des craintes de perdre l’identité d’un lieu culturel d’échanges artistiques
Sur le court-terme, nous avons dû annuler plusieurs dédicaces d’auteurs, des expositions car la librairie fait également office de galerie, et j’avais prévu un programme artistique jusqu’à octobre 2020 que j’ai dû annuler (billets d’avion perdus, etc.). Sur le long-terme, mon lieu n’a de sens que s’il est fréquenté. J’ai tout misé sur la convivialité du lieu, sa décoration, son style, sa possibilité de faire converger les désirs des artistes avec ceux des clients. Si ces derniers ne peuvent plus le fréquenter comme avant, ce ne sera plus aussi agréable de travailler.
Les gens ont l’air rassurés à la librairie, mais on les sent peureux. Dans l’ensemble, tout le monde se félicite de nous voir ouverts, et respecte très bien les mesures de confinement, mais ce n’est plus du tout aussi chaleureux qu’avant. Nous-mêmes faisons tellement attention à ne pas être des sources de contamination que nous en oublions parfois notre sympathie et désir de partager nos lectures. Nous avons gagné une clientèle hors les murs puisque peu de librairies ont maintenu leur activité, mais j’ai bien peur que cela ne durera pas. Et pourtant, je suis très heureuse de développer un nouveau réseau de lecteurs/lectrices, très pointu.
Nouvelles initiatives : « click and go »
Nous avons rouvert le 1er mai en service « click & go ». Les clients demandent des livres via les réseaux sociaux, nous préparons les livres 48h à l’avance en prenant toutes les mesures sanitaires (port de masque, lavage régulier des mains, gel, etc.). Les clients peuvent venir les chercher du lundi au vendredi de 10h à 15h où nous organisons des livraisons tous les jours sur Tanger. Une fois par semaine, nous organisons des envois de colis sur tout le Maroc avec le service express de la poste marocaine. Les clients n’ont pas le droit d’entrer dans la librairie (sauf pour les règlements par carte bleue), ils ne peuvent pas toucher les livres. Nous nettoyons tous les jours la librairie (sol avec produit sanitaire, machine CB, consoles, claviers d’ordinateurs, etc.)
Par Flora Dubosc
Ici en Hongrie, les librairies ne sont pas considérées comme des commerces à part. A ce jour, 10 mai 2020, à Budapest, les lieux culturels, universités, écoles et lycées sont fermés jusqu’à nouvel ordre (mais les épreuves écrites du bac ont commencé cette semaine). Les restaurants et bars ne peuvent faire que de la vente à emporter. Les (para)pharmacies, commerces d’alimentation et drogueries peuvent rester ouverts jusqu’à 18h avec une plage horaire (9h-12h) réservée aux plus de 65 ans. Les autres commerces, y compris les librairies, peuvent être ouverts jusqu’à 15h. Le port du masque est maintenant obligatoire dans les commerces et transports en commun. Toutefois, samedi 16 mai, le gouvernement a annoncé le dé-confinement de Budapest. L’Institut français rouvrira pour ses équipes, mais pas encore au public, le lundi 25 mai. La librairie sera donc ouverte à compter du lundi 25 mai midi avec de nouveaux horaires et un espace un peu réaménagé.
La librairie Latitudes est située dans un espace qui est au rez-de-chaussée du bâtiment de l’Institut français de Budapest. Ce bâtiment, propriété de l’Etat français, et par conséquent la librairie, est restée fermée au public depuis le 17 mars. Légalement, la librairie aurait pu rester ouverte, avec des horaires limités, mais par égard pour l’équipe, les clients et il faut le dire, par facilité et par peur, nous avons décidé de fermer. Après quelques jours d’inactivité totale, pour ne pas dire de paralysie, nous avons commencé à communiquer avec nos clients, sur notre site internet et nos pages Facebook et Google pour les informer de notre décision de fermer. Nous avons commencé à réfléchir, à compter, et recompter le manque à gagner, la trésorerie. Nous avons contacté tous nos fournisseurs pour négocier, avec plus ou moins de succès, le report du paiement de nos factures. Nous avons demandé, et obtenu sans difficulté aucune, l’annulation des loyers pendant toute la période de fermeture de l’Institut français. Nous avons échangé avec nos collègues dans d’autres pays d’Europe et avons déposé une demande d’aide exceptionnelle auprès du Centre National du Livre. Nous avons fait de notre mieux pour maintenir le contact entre les membres de l’équipe.
Une permanence hebdomadaire dès avril et une intensification de la communication sur le site marchand et sur le service de livraison à domicile
Début avril, l’Institut français a commencé à assurer une permanence hebdomadaire dans ses locaux ce qui permet aux libraires d’accéder, les jeudis, à la librairie. Nous avons donc réactivé notre service de livraison à domicile et intensifié notre communication sur l’existence de notre site marchand qui existe depuis plus de 10 ans. Travaillant à la maison avec accès à notre logiciel de comptabilité et de gestion de stock, je traite les commandes des clients (facturation), je réponds aux e-mails et appels téléphoniques (la ligne de la librairie est transférée sur mon mobile) et l’équipe (3 personnes plus la gérante) se retrouve une fois par semaine à librairie pour préparer, avec grand plaisir, les paquets et les remettre à la société de livraison avec laquelle nous travaillons. Nous avons expédié 123 colis en avril ce qui représente environ un tiers des ventes que nous avions réalisées sur la même période l’année dernière, des frais supplémentaires conséquents mais tout de même quelques recettes qui me permettront de payer au moins les salaires (et charges) des 3 employés au mois de mai.
De lourdes conséquences humaines, économiques
Nous ne savons pas si les clients vont venir, s’ils auront envie de flâner dans la librairie, s’ils auront les moyens de faire des achats. Nous ne savons pas non plus si, quand ou comment nous allons pouvoir recommencer à organiser des animations, à inviter des auteurs, relancer nos soirées Un livre – Un vin ou notre club de lecture. Le seul bénéfice de ces animations, il faut bien le dire, est le plaisir qu’elles procurent. Elles ne génèrent jamais assez de recettes pour couvrir les frais qu’elles occasionnent. Nous ne savons pas non plus si, ou quand, nous allons retrouver un volume de ventes suffisant pour couvrir nos charges. Nous n’avons que peu de certitudes. Nous savons que nos dépenses vont augmenter parce qu’il va nous falloir mettre du gel hydro-alcoolique à disposition de nos clients, équiper les libraires de masques, faire encore plus souvent le ménage, désinfecter régulièrement le comptoir de la caisse, les claviers, souris, et autres terminaux de carte bancaire. Nous savons qu’il nous faudra au moins deux ans pour nous remettre, peut-être, financièrement de cet épisode. Si pour le moment je n’envisage pas de réduire l’équipe, je sais d’ores et déjà que je ne pourrai pas verser de primes de fin d’année ni assurer les augmentations de salaires proportionnelles à l’augmentation du coût de la vie que je fais habituellement en mai.
Des aides locales minimes
A notre connaissance aucun fonds n’est mis en place en Hongrie pour les librairies. Nous nous informons du mieux que nous pouvons mais ici, le secteur de livre n’est absolument pas organisé, comme il l’est en France ou dans d’autres pays. Les librairies indépendantes, au sens français du terme, se comptent sur les doigts d’une main, ou deux. Le secteur de la culture, en dehors peut-être des structures d’Etat, ne fait pas partie des préoccupations du gouvernement. Les quelques mesures économiques qui ont été annoncées, notamment pour la protection des emplois, ne nous concernent pas parce que tous les membres de l’équipe de la librairie travaillent à temps partiel. Le système de chômage partiel ou technique n’existe pas. Pour une entreprise comme la nôtre deux options sont possibles pour diminuer nos charges salariales. La première serait de mettre l’équipe en congés sans soldes, mais comme cela implique la suspension de leurs droits à la sécurité sociale cette option n’est pour moi pas envisageable. La seconde est de suspendre le paiement de la rémunération de la gérante, ce qui n’implique pas la suspension du paiement des charges sociales afférentes. Depuis mars, je paie donc des charges sur un salaire que je ne me verse pas. Le gouvernement a également annoncé des mesures visant à la réduction des impôts. Celles-ci sont minimes, notre taux d’imposition diminuera a priori d’un pourcent, et ne nous concerneront qu’en 2021. La seule mesure concrète dont nous bénéficions actuellement est le moratoire imposé sur le remboursement des crédits ce qui n’aura en réalité qu’un tout petit impact sur les finances de la librairie puisque nous n’avons qu’un crédit dit de compte courant (sorte de découvert autorisé) de 3.000.000 de Forint (env. 8.500 euros).
Des horaires d’ouvertures adaptées pendant le déconfinement mais un incertititude sur la réouverture des locaux de l’Institut français au public
Nous discutons aussi entre nous des aménagements à faire dans la librairie pour accueillir les clients dans le respect des recommandations de distanciation notamment et des plannings pour que chaque membre de l’équipe soit le plus à l’aise que possible. Vis-à-vis des clients nous partageons les nouvelles de la librairie par des lettres d’informations, sur notre site internet et nos pages Facebook et Google.
Notre crainte principale est d’ouvrir et de ne pas voir de clients. En effet, si l’Institut français (notamment son école de langue et sa médiathèque) reste fermé au public jusqu’à la rentrée de septembre comme cela est envisagé actuellement, il y a de fortes chances que le Café Dumas, qui est l’autre commerce dans le bâtiment, reste fermé lui aussi. Le bâtiment risque alors d’avoir une allure quelque peu fantomatique peu propice à faire entrer les clients dans la librairie. Si cette crainte se réalise et que notre chiffre d’affaire reste aussi bas que ces dernières semaines la librairie devra fermer, définitivement cette fois.
Par Frédéric Dumas
La Guyane est une collectivité territoriale française. Elle présente des similitudes avec la librairie française (aides locales, subvention au transport) et avec les libraires francophones à l'étranger du fait de son éloignement géographique.
La Guyane, sur arrêté préfectoral, a été confinée du 15 mars au 11 mai 2020.
Développer la vente en ligne
La librairie a été fermée .Nous avons, par expériences des différents conflits passés, réagit dès le 16 mars en réorganisant notre activité par la vente et le conseil de livre en ligne, avec livraison à domicile ou retrait dans nos en boites aux lettres. Cette activité commerciale, existante depuis plusieurs années dans nos librairies avec notre site internet www.kazabul.com nous a permis de prendre, en partie, le relais de la vente d’ouvrages et d’apporter un service de proximité. Actuellement, nous possédons 65 000 références et 180 000 titres dans nos 2 librairies. Cette diversité d’ouvrages, disponible sur notre site internet, participe très largement au succès rencontré par ce type d’initiative. Notre service de vente en ligne a évité la fuite de notre clientèle vers les sites marchands tels qu’AMAZON, FNAC, CULTURA etc. Grace à ces positions, nous avons pu conserver 80% du personnel entre 10H et 30H semaine en bénéficiant du chômage partiel. Notre dynamisme nous a permis de réaliser, un CA total d’environ 100 000€ depuis le 16 mars dans nos 2 librairies.
Adaptation dans les commandes et au niveau de l’équipe
Nous avons mis en place l’organisation des retours et des demandes sur couverture de manière à retrouver de la trésorerie à la reprise et avons réalisé l’inventaire des librairies. Nos collaborateurs ont répondu présents et sont fatigués mais heureux de la sortie de crise. Maintenant, nous allons organiser des tours de Vacances, en Guyane ....
En terme d’aide locale, il y a possibilité d’avoir un prêt jusqu’à 50K€ garantie par la Collectivité Locale de Guyane.
Le dé confinement
Nous reprenons les horaires normaux et appliquons les règles de dé confinement conseillés par le Syndicat de la librairie dès lundi. Tous les outils de communication sont mobilisés pour informer les clients : mailing, Instagram, WhatsApp, Facebook, Téléphone etc.
Les leçons et recommandations tirées de ces expériences dans votre relationnel avec la clientèle, les fournisseurs, les partenaires
Notre rapport à la clientèle est toujours au beau fixe et la relation fournisseurs n’a pas changé. Parmi les bonnes choses, nous avons énormément vendu de fonds. En revanche pour ce qui est du rapport aux institutionnels et partenaires privés, c’est plus compliqué car l’arrêt des règlements des collectivités et des commandes publiques va entrainer une perte des prix de fin d’année et l’absence de révision de bac va nous contraindre à retourner le stock d’annales.
Il est important d’être ultra réactif et ne pas s’endormir... nous avons continué à recevoir nos palettes de réassort et les avons traités ce qui nous a permis d’accentuer notre choix en librairie. Dès la semaine du 11 mai, nous avons fait annuler tous les notés chez les fournisseurs. Il n’y avait plus d’avion, en dehors d’un seul Groupage et de toute façon les prix de transport ont augmenté de 20% par Air France. Les autres compagnies ayant stoppées tous leurs vols. J’ai négocié, dès la première semaine de meilleurs garanties Cofaces pour assurer la rentrée scolaire qui vient d’arriver. Nous allons reprendre les nouveautés et le réassort...
Par Frère Didier Berenger AKONWOUNKPAN
Le Sénégal a annoncé son premier cas de Covid 19 le lundi 2 mars 2020, sur un Français qui a séjourné en France en février avant de revenir au Sénégal et qui a été mis en quarantaine à Dakar. Il s'agit du deuxième cas confirmé en Afrique subsaharienne après le Nigeria, qui concernait un Italien lui aussi de retour de son pays. La panique n’était encore au rendez-vous : on s’attelait dans les préparatifs des évènements religieux (carême, Journée Mondiale de la Jeunesse, pèlerinages, ordinations, ….). A Clairafrique, nous avions commencé les préparatifs de la rentrée des classes 2020-2021 en attendant la confirmation des directeurs d’écoles pour des rencontres de concertation. Malheureusement, la psychose gagne du terrain ouvrant des portes à l’indiscipline. Les cas positifs se multiplient à petite échelle. Les sensibilisations commencent. Le lundi 23 mars, le chef de l’Etat déclare officiellement l’état d’urgence sur tout le territoire avec des cordons sanitaires et autres mesures (couvre-feu, réorganisation de la vie, réduction du trafic pour le transport, cordon sanitaire …) par le décret n° 2020-830 du 23 mars 2020.
Au niveau du gouvernement, il y a eu plusieurs mesures d’accompagnement pour la population (création de fond de solidarité Covid 19, distribution de denrées alimentaires, aide aux ménages pour les consommations sociale d’électricité, protection de l’emploi avec interdiction de licencier quelque employé que ce soit pour raison de la pandémie, quelques orientations pour la sauvegarde des emplois, ...). En ce qui concerne les librairies et éditeurs, jusqu’au lundi 4 mai, rien n’avait été fait. Le mardi 5 mai, une réunion de concertation entre les acteurs de la culture et le ministre de la culture s’est tenue ; un rapport sera rédigé et transmis au ministre des finances pour étude et prise de décision (nous sommes à l’écoute dans l’espérance qu’il aura une issue favorable).
Impact du confinement sur Clairafrique : rester ouvert malgré une faible fréquentation
Entre temps, à Clairafrique, vu l’évolution de la situation, nous avons anticipé et décidé le vendredi 20 mars 2020 de réorganiser le mode de fonctionnement (système de rotation mis en application, utilisation du gel hydro alcoolique et des gans, horaire d’ouverture révisé,…).
A Clairafrique, nous n’avons pas fermé les points de vente : concurrence oblige ! Les autres librairies de la place sont ouvertes. Nous offrons un service minimum (réduction des horaires de 9h à 14h, rotation du personnel : deux au plus par point de vente). Plus de la moitié du personnel est à la maison par mesure de prudence, d’autres en congé anticipé. Cela nous permet également de ‘’grignoter un peu’’ comme aime souvent le dire quelques membres du personnel. Il faut aussi reconnaitre que la population vit au jour le jour et se trouve sans ressource : il faut s’adapter au rythme économique de la clientèle.
Aux points de vente, nous insistons sur le respect des mesures sanitaires (port du masque, utilisation du gel hydro alcoolique, aller à l’essentiel au point de vente, …). A dire vrai, la fréquentation est presque insignifiante : nous sommes ouverts car il faut assurer une présence pour ne pas perdre le peu de clients qui nous fréquentent. Les écoles et institutions ne font plus de commandes depuis février 2020. Le chiffre d’affaire a baissé de 80 pour cent. Cela est compréhensible : beaucoup sont au chômage technique depuis mars, chacun pense d’abord à couvrir les charges primaires : alimentation (comment avoir une réserve alimentaire conséquente), loyer (pas de report de frais de location), factures, santé,… plutôt qu’aux livres, fourniture scolaire et de bureau. Le ventre affamé n’a point d’oreille.
Dans un contexte incertain quant au possible déconfinement, la librairie souhaite réactiver son site, réorganiser les livraisons à domicile, peaufiner la relation clientèle
Le déconfinement se prépare pour juin 2020 avec la possibilité progressive de réouverture des écoles et de certaines surfaces. Mais, avec l’évolution des cas positifs et de décès, on ne peut rien dire avec certitude.
A Clairafrique, nous sommes conscients que nul n’est à l’abri des conséquences de cette pandémie, encore moins les libraires. Cette pandémie nous ouvre cependant les yeux sur certaines réalités et dispositions à prendre en urgence : réactiver le site internet de la librairie, réorganiser les services de livraison à domicile, revoir notre relation avec la clientèle pour pouvoir les relancer de temps en temps, déployer un nouveau système de marketing et de communication en ligne à travers les réseaux sociaux, …
La grande crainte est surtout la rentrée des classes prochaines car on ne connaît pas encore la date ; ce qui freine les prévisions. La seconde crainte est celle du respect de nos engagements : rapport avec les différents fournisseurs en ce qui concerne les échéances malgré le report accordé, comment couvrir nos charges fixes ? Pour une librairie comme Clairafrique qui recherche ses lettres de noblesse, la pandémie est arrivée comme un cheveu sur la soupe. De toute façon, plus rien ne peut être comme avant : il faut être créatif. La troisième crainte est liée à l’avenir du métier de libraire : que nous réserve demain avec les livres numériques, les bibliothèques numériques et le nouveau système des cours en ligne que développent de plus en plus les grandes écoles. Tout est à réinventer et le temps nous presse.
Lien vers le portrait de la librairie
Que fait l’AILF en cette période de confinement ?
Depuis que nous avons annoncé début mars l’annulation de l’ensemble de nos manifestations prévues dans le cadre du Salon Livre Paris, la situation concernant la propagation du virus s’est mondialisée et renforcée, poussant au confinement une grande partie des populations.
Dans ce contexte dramatique d’un point de vue sanitaire et économique, l’AILF est mobilisée pour accompagner au mieux les librairies francophones frappées de plein fouet et sans ressources. Nous participons à la réflexion sur les dispositifs pour compenser les lourdes pertes de trésorerie...La baisse de chiffre d’affaire ajoutée aux charges fixes mettent en péril l’avenir de nombreuses librairies.
Ce que nous avons fait :
-Nous avons réalisé un état des lieux, en partenariat avec le Bief, pour donner une photographie la plus juste possible de l’état des librairies francophones dans le monde.
-Nous avons contacté les directeurs export des principaux groupes pour les interroger sur plusieurs points et sur les mesures prises par chacun auprès des libraires francophones : état de la chaine d’approvisionnement, report d’échéances, arrêt d’offices et réassorts, continuité des commandes, etc.
- Nous proposons de mettre en avant tout type d'initiatives d'éditeurs ou libraires permettant de trouver des alternatives aux difficultés rencontrées par les professionnels de la chaine du livre. Première initiative, celle des éditeurs Madrigall
-Nous sommes en contact avec la Centrale de l’Edition qui nous a transmis un tableau sur l’état du fonctionnement de transporteurs principaux et tachons de demander des mesures excpetionnelles pour la Coface.
-Par ailleurs nous sensibilisons les pouvoirs publics pour voir dans quelle mesure les dispositifs annoncés par le ministre de la culture concernant les 5 millions d’euros attribués au livre vont concerner la librairie francophone à l’étranger.
A la demande de l’Institut français d’Alger, une formation à destination des libraires algériens a eu lieu à Paris la semaine du 16 décembre à Paris.
Trois états des lieux ont été réalisés par l'AILF au deuxième semestre de l'année 2019. Le premier au Gabon par Loubna Joheir Fawaz (librairie Vents du Sud en Mauritanie), le deuxième au Cameroun par (Brahima Soro, Librairie de France en Cote d'Ivoire) et le troisième en Tunisie par Agnès Debiage (Oum el Dounia, Egypte), tous les trois administrateurs de l'AILF. Les états des lieux ont pour objectif de faire un état des lieux de la librairie francophone dans des pays, de mettre les acteurs culturel et professionnels du livre autour d'une même table et de cerner les besoins des libraires pour tenter d'y répondre.
La Caravane a fêté son quinzième anniversaire en 2019 et a mobilisé des libraires et leurs partenaires culturels avec, cette année, un focus réalisé sur les auteurs locaux en milieu scolaire et universitaire via des conférences littéraires, des concours d’illustration, poésie et slam dans deux pays.
28 novembre – 2 décembre
Le programme des Ateliers jeunesse organisés par l’AILF dans le cadre du salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil du 28 novembre au 2 décembre 2019, se déclinait en trois phases, avec pour chacune, un public différent. La première phase, réservée exclusivement aux libraires, la seconde à l’interprofession à l’international (libraires, éditeurs, bibliothécaires, auteurs, traducteurs, associations de lecture, enseignants et inspecteurs de l’éducation nationale) et la dernière au grand public.