Librairie La Source - N'Djaména - Tchad
Par Ngartara NGARYENGUE, directeur de la librairie la Source
Un service minimum dans un contexte de grave crise financière
Au Tchad, aucune mesure n’a été prise si ce n’est la suspension de contrôle des impôts. Mais nous avons décidé de fermer la librairie suite aux communiqués du ministre d’Etat suspendant tous les commerces depuis le 23 mars 2020 jusqu’à nouvel ordre et n’autorisant que l’ouverture des pharmacies et commerces d’alimentation.
Nous avons fermé durant 2 mois en travaillant de la maison mais j’ai instauré un service minimum à l’intérieur qui permet de maintenir la librairie opérationnelle et faire quelques recettes, cela rassure les fournisseurs. Un agent de sécurité surveille l’entrée pour vérifier que les gestes barrières sont respectés : lavage de main au savon et port de masque avant d’être autorisés à entrer.
La librairie la Source n’arrive pas à payer le salaire du mois d’avril de son personnel qui est de 1985,74€ mensuel. Les autres mois sont donc très liés à d’éventuelles aides ou à une possible réouverture. En effet, si une aide substantielle d’urgence de 30.000€ ne vient pas soulager nos dettes, on perdra la garantie COFACE et craignons un dépôt de bilan. D’autant qu’aucun fond n’a été mis à notre disposition localement. Pour la petite histoire, notre véhicule de livraison a été arrêté par la police qui nous a contraints à payer une amende forfaitaire de 150 € avant d’être libéré.
Un déconfinement partiel lancé le 25 mai mais une angoisse permanente
Le lundi 25 mai, le gouvernement a décidé d'un deconfinement partiel. Les écoles sont toujours fermées et le couvre-feu est reconduit pour 2 semaines. Ce qui n'arrange pas trop les affaires car notre activité est liée aux écoles. Depuis le 15 que nous avons rouvert et les visites se font timidement. D’autant que récemment encore le taux des contaminés augmentait. Il faut admettre que la tension est palpable chez les clients …Si le covid19 peut se transmettre à travers le papier, le toucher etc. Tout le monde a peur ! Les visites se sont de plus en plus rares. On parle de plus en plus d’un enseignement à distance et on se questionne sur la place qu’occupera le livre dans les jours ou années à venir.
Les fournisseurs ne cessent de nous relancer. Tous nous demandent de faire un effort mais sans vente, il est difficile de faire plus d’efforts que ce que nous faisons…Quant aux institutionnels, à part le CNL qui a pris l’initiative d’aider les libraires francophones et nous les en remercions chaleureusement car cela va nous permettre de payer une partie des arriérés, notre encours en fin avril était de 56.692€. Je voudrais écrire à tous les partenaires pour leur informer de la situation de la librairie la Source.
Aux bonnes volontés de nous venir en aide.