Bilan du 10° anniversaire de la Caravane
Pour son dixième anniversaire, la Caravane du livre et de la lecture s’est déclinée à travers trois projets distincts permettant de renforcer des expériences de collaboration avec des bibliothécaires, des éditeurs et des auteurs. Retour sur l'opération, à travers trois points majeurs :
- La Caravane des bibliothèques : un partenariat astucieux entre libraires et bibliothécaires
- « 100 titres pour 10 ans » : une sélection de titres conçue par un collectif de libraires
- L'interprofession réunie pour les États-généraux de la Caravane du livre et de la lecture
La Caravane des bibliothèques : un partenariat astucieux entre libraires et bibliothécaires
- 7 bibliothèques locales de 7 pays d’Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Conakry, Niger, Tchad) bénéficient désormais d’un petit fonds de littérature choisi avec le libraire caravanier local sur un financement de l’AILF.
- Cette action est l’occasion de montrer combien la lecture publique et l’accès au livre est un préambule nécessaire à une promotion des littératures d’Afrique. Un geste fort pour indiquer que le don de livres n’est pas la meilleure solution ; puisque l’essentiel est d’inciter les professionnels locaux à travailler ensemble en faveur d’un développement durable de la lecture.
- Liste des destinataires : Bibliothèque Nationale de Côte d’Ivoire, Bibliothèque de Koun-Fao (à plus de 300 km d’Abidjan), bibliothèque de l'APPLAC (Association pour le patrimoine littéraire de l'Afrique centrale, rattachée à l'université de Bujambura), bibliothèque du collège de Golo Djigbé (à proximité de Cotonou), bibliothèque Alpa à Farcha (banlieue de N’Djaména), Bibliothèque de Tiébelé (à 180 kilomètres de Ouagadougou), bibliothèque communautaire de Kobaya (banlieue de Conakry) bibliothèque de Kalfou (580 kilomètres de Niamey). Cette opération a pu se réaliser grâce à quelques aides, notamment l’OIF mais aussi grâce à un partenariat avec BSF (braderie solidaire).
« 100 titres pour 10 ans » : une sélection de titres conçue par un collectif de libraires
- Le catalogue « 100 titres pour 10 ans » présente plus de 160 titres de littérature africaine. C’est un véritable outil de travail conçu par des libraires d’Afrique et d’Europe, exerçant à Abidjan, Bujumbura, Dakar, Cotonou, Kinshasa, Morges, N’Djamena, Niamey, Ouagadougou, Saint-Denis (Île-de-France), fins connaisseurs de la littérature francophone d’origine africaine et soucieux de faire connaitre leurs coups de cœur. Consultez le catalogue en cliquant ici.
- Les premières propositions des libraires ont été complétées par des collectifs de professionnels du livre comme l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, Afrilivres, Africultures, le groupe jeunesse du Syndicat national de l’édition, le Centre national de la littérature pour la jeunesse – La Joie par les livres (Bibliothèque nationale de France).
Libraires, éditeurs, bibliothécaires, auteurs et acteurs culturels : tous réunis pour les États généraux de la Caravane
En 10 ans, le librairie organisateur de la Caravane du livre et de la lecture ne se présente plus de la même manière et les thématiques des séminaires ont évolué. En 2004, lors de la première rencontre autour de la caravane du livre et de la lecture, la thématique était « le libraire agent culturel ». Aujourd’hui, la question ne se pose plus, car les 10 années d’expérience laissent apparaître que le libraire s’est affirmé non seulement comme acteur culturel mais encore plus acteur de la société civile.
La Caravane : un exemple de développement durable du livre et de la lecture
- L’axe de départ de cette opération est resté le même : le développement de la lecture.
- La rentabilité économique d’une opération culturelle d’envergure nationale, hors les murs, relève donc plus d’une logique de développement durable que d’une logique marchande.
- Dix ans d’expérience ont permis aux libraires de s’approprier complètement l’opération ; même si la mise en œuvre reste difficile car l’organisation d’une telle opération nécessite des moyens et des ressources qui ne sont pas couvertes par les recettes.
- Dans certains pays, une évolution positive est notée grâce à la synergie des acteurs locaux et à une reconnaissance des financeurs publics et privés. L’expérience ivoirienne de l’association des libraires de Côte d’Ivoire (ALCI) est à ce titre très encourageante, puisque l’ALCI a pu obtenir des fonds publics et privés locaux pour faire des dons d’ouvrages de littérature à des bibliothèques scolaires de l’intérieur du pays.
La nécessité d’un investissement à long terme pour un maillage territorial en faveur de la lecture publique.
- En 2006, réunis à Bamako, les libraires évoquaient de grands projets communs (communication conjointe, interpellation des pouvoirs publics, distribution panafricaine…). Aujourd’hui, à entendre les caravaniers « Nous avons des bibliothèques à installer, il faut créer chez nos populations le besoin de livres », ou même certains slogans comme celui-ci de RDC « Si chaque lecteur consacrait plus d’une heure à la lecture, nous serions plus développés que les États-Unis », on mesure à quel point les libraires se positionnent politiquement comme acteurs de la société civile.
D’une « chaîne commerciale » à une « chaîne de valeurs communes »
- Cette rencontre dakaroise de 2014 a en tout cas marqué les esprits. Deux jours de débats intenses ont permis de mettre en œuvre de dynamique commune aux participants. Un moment fort d’échange entre libraires, éditeurs, auteurs, bibliothécaires et acteurs culturels sur la littérature et la lecture, comme en témoigne la lecture d’extraits de textes tout au long de ces deux journées.
- Fruits d’un échange fertile, de nouvelles idées sont venues alimenter la réflexion.
- Premier constat : ce qui relie les acteurs du livre, ce n’est pas qu’un échange économique, car tous se reconnaissent derrière des valeurs communes. On parlera plus d’une « chaîne de valeurs communes » que d’une « chaîne commerciale ».
Possibles évolutions de la Caravane du livre et de la lecture
- une possible ouverture de la sélection à des littératures du Grand Sud ;
- l’implication de journalistes ou de critiques pour l’élaboration de fiches d’argumentaires sur les nouveautés ;
- l’urgence de repoétiser le rôle du libraire et d’inciter le libraire à être lecteur pour être prescripteur de qualité...
- Une véritable boite à outils a été conçue avant qu’une réflexion sur les combats et enjeux communs ne soient anticipée en préalable au plaidoyer prévu avec d’autres collectifs internationaux comme l’AEI et Afrilivres.